OCCITANIE - Lettre ouverte à l’attention de Monsieur Jean-Michel Blanquer

Publié le par PCF 65

Objet : Cartes scolaire 2018, la politique dangereuse du « recentré et concentré »

Les conseils départementaux de l’éducation nationale ont commencé à se réunir en ce mois de janvier, notamment pour définir les grandes orientations en préparation de la rentrée scolaire du 1er degré 2018/2019. Les premières explications données ont de quoi inquiéter enfants, parents, enseignants et élu.e.s locaux.

La pression budgétaire exercée sur l’éducation nationale se ressent bien évidemment dans nos territoires. Loin d’un grand plan ambitieux concrétisé par le déploiement de moyens correspondants, la gestion de l’éducation de nos enfants se voudra, une fois de plus, « recentrée et concentrée », comme nous l’a expliqué l’inspecteur de l’académie.

L’annonce de chiffres qui à première vue paraissent positifs, conjuguée à une faible baisse du nombre d’élèves, auraient dû être l’occasion de diminuer les effectifs dans toutes les écoles où les classes sont surchargées. Au contraire, c’est bien le prolongement d’une cure d’austérité qui se profile.

Même si la carte scolaire n’est pas officielle, et que les inspecteurs d’académies nous expliquent qu’il y a chaque année moins d’enfants dans nos territoires ruraux, il ne faut pas s’y tromper. Plus qu’une amélioration des conditions d’enseignement et d’éducation dans notre région, c’est surtout un nivellement par le bas qui se met en place, reflétant les problèmes plus globaux d’un aménagement du territoire déséquilibré et d’une désertification rurale en progression.

Le budget 2018 adopté par le parlement prévoit la création de plus de 3 000 postes dans le primaire à la rentrée prochaine. Le ministère a fait le choix de les consacrer exclusivement à la poursuite du dédoublement des classes en CP en REP et CE1 en REP+.

L’école primaire française largement sous-investie et marquée par des inégalités insupportables doit faire l’objet d’un engagement financier massif pour réaliser les transformations nécessaires. Le budget 2018 ne répond pas à cet enjeu de société. Nous tenons à dénoncer cette austérité qui frappe l’Education nationale et qui s’inscrit dans le cadre plus global de la réduction du déficit public.

Bien que notre région Occitanie accueille 52 000 nouveaux arrivants chaque année, seulement 89 créations de postes sont prévues, quand le territoire toulousain à lui seul aurait un besoin évalué d’environ 300 ! Cette situation doit nous amener à nous questionner sur les politiques actuelles qui ne sont plus en mesure de protéger les dynamiques locales, s’en prennent systématiquement aux services publics, et contribuent à enclaver nos territoires ruraux.

Les redistributions programmées sur l’académie vont se faire au détriment d’un trop grand nombre de classes de villages et petites communes. Pour certaines de ces communes, la fermeture de l’école signifie ni plus ni moins une condamnation à mort. Cela sera particulièrement vrai dans les territoires ruraux tels que le Lot ou l’Ariège, qui connaissent déjà d’importants problèmes de désertification. Nombre d’élus locaux, notamment des maires menacent de rendre l’écharpe tricolore !

Suite à la visite du premier ministre dans le lot lors de la conférence sur les territoires, nous étions en droit de penser qu’une politique plus cohérente et ambitieuse nous serait présentée. Force est de constater qu’avec autant de fermetures d’écoles rurales, il n’en est rien. La réforme du dédoublement va se faire au détriment des autres classes, l’école rurale risque d’être sacrifiée, et les petits villages et leurs écoles à classe unique sont clairement menacés.

Face à cela, quelle est la réponse à apporter ? Il faut aujourd'hui mener un combat académique et surtout ne pas opposer le rural et l'urbain. Toute l'académie est clairement sous-dotée et en danger. Cette répartition préfigure le retour à une gestion comptable et sous-entend que l’éducation, comme les autres services publics, est d’abord un coût, qui doit s’adapter aux dogmes libéraux. Nous devons redonner une ambition autre à nos territoires. « Recentrer et concentrer » n’est pas une politique ambitieuse. Tout au plus une adaptation gestionnaire de l’austérité qui sévit. Celle-ci nous entraine inexorablement vers le bas.

Vous l’aurez compris monsieur le ministre, l’heure est grave. Nous ne pouvons accepter de telles décisions, aussi inéquitables qu’inefficaces, et qui menacent fortement l’éducation de nos enfants, autant que le développement de nos territoires.

Je sollicite solennellement au nom du groupe Nouveau Monde, une intervention de votre part pour la création d’un nombre de postes nécessaires à l’équilibre territorial de notre région.

Je vous prie de croire, monsieur le ministre, à l’assurance de mes sentiments les plus distingués.

Pour les élus du groupe Nouveau Monde,                           

 

Marie PIQUÉ, Vice-Présidente en charge des solidarités, des services publics, de la vie associative et du logement (25-01-18)


 

Publié dans Région Occitanie

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